vendredi 26 décembre 2014

Décès d'Albert Paternostre, administrateur honoraire de Pro Belgica


Albert Paternostre est né à Lens (province de Hainaut) le 1er mai 1915 pendant la première guerre mondiale. Il avait cinq frères plus âgés (Marcel, Léon, Victor, René et Adrien). Le plus jeune des sept frères, Léopold, n'était pas encore né. 

Photo avec ses cinq frères et le drapeau belge

Sa maison natale à Lens
Chapelle Paternostre à Lens

Il nous a raconté dans la revue de Pro Belgica en 1994 :   "Je me rappelle le geste de mon père qui, il y a 76 ans, se précipitait au balcon de la maison pour hisser notre drapeau national, à l'annonce de la fin de la guerre en 1918. J'étais bien jeune à ce moment, c'est aussi le seul souvenir qui m'est resté de cette époque. Sans doute ce geste m'a-t-il frappé à tel point que j'ai encore cette image devant les yeux et qu'elle m'a marqué pour la vie. En effet, je ne peux concevoir un événement national, qu'il soit réjouissant ou deuil, sans qu'y soit associé mon drapeau. Arborer le drapeau est-il le fait d'une simple sentimentalité ou répond-il à quelque chose de plus profond? Sous quelque forme qu'il se présente, il est pour moi symbole de rassemblement, de fierté, d'union".


La présidente Jacqueline de Montjoye posant à côté du portrait du grand-oncle
d'Albert qui fut bourgmestre de Mons, à l'Hôtel de Ville, à l'occasion de l'hommage
organisé par la section du Hainaut à deux Membres montois du Congrès National
le 25 octobre 2014 

Albert a ensuite étudié au collège Saint-Stanislas à Mons. Il y a terminé sa rhétorique en 1932 et en est était à son décès le doyen des anciens élèves. A noter que Léon Paternostre (grand-oncle d'Albert) possédait un hôtel particulier à la rue de la Halle et a été bourgmestre de Mons de 1885 jusqu'à sa démission en 1888. Egalement conseiller communal pendant trente ans et administration de la Banque du Hainaut, il est décédé en 1909. Un autre grand-oncle, Louis Paternostre (1824-1868), artiste peintre, est l'auteur du tableau sur l'attaque du camp romain de Mons par les Gaulois, qui orne le grand salon de l'hôtel de ville de Mons. Parmi les frères d'Albert ayant vécu dans le Hainaut, Marcel a été bourgmestre de Grandmetz, Victor prêtre et principal au Collège Saint-Julien à Ath, René avocat à Mons, et Adrien ingénieur des mines aux Charbonnages du Hainaut.

Albert choisit d'être militaire de carrière. Jeune officier, il a été fait prisonnier par l'ennemi au début de la deuxième guerre mondiale, ce qui l'a profondément frustré car il aurait voulu servir plus activement. Lors du dernier congé passé avec son épouse tant aimée, Simone, en avril 1940 à Lens, elle lui apprend qu'il va être papa. On peut voir ci-dessous un portrait au pastel réalisé au camp de Prenzlau (Oflag = offizieren lager) par un camarade de captivité, Jacques Visart de Bocarmé. Entre-temps, en 1943, ses parents ont été éjectés de leur maison de Lens par les Allemands qui leur ont accordé trois jours pour la vider de son contenu. 



Après près de cinq ans de captivité, Albert fait la connaissance en 1945 de son fils Guy qui avait presque cinq ans. Dans les années qui suivirent, deux filles, Marielle et Anne, vinrent compléter ce bonheur familial retrouvé.
Albert et son fils Guy
Après les trois mois de congé à la rentrée de captivité, Albert reprend sa carrière militaire. Il est désigné pour une compagnie de transport, le centre d'instruction automobile à Brasschaet. En 1946, il rejoint le 1er Lanciers à Liège, Spa. Il participe à la renaissance de son régiment de guerre, le 2ème Chasseurs à Cheval à Siegen, dissous peu après sa renaissance, ensuite au 1er Chasseurs à Cheval Arnsberg (RFA). Après un séjour de quelques années à Bruxelles, il est désigné pour le 4ème Lanciers à Bourg-Léopold et RFA. Et à partir de 1962 au Service de l'Encadrement de l'Etat-Major à Bruxelles, où il termine sa carrière militaire. Pensionné comme major en 1970, il a été nommé lieutenant-colonel de réserve. De 1972 à 1980, Albert Paternostre a travaillé dans une compagnie d'assurances à Bruxelles.

Depuis plusieurs dizaines d'années, au sein de la paroisse Notre-Dame de l'Annonciation, il était bénévole auprès de la Société Saint-Vincent de Paul, une organisation catholique de laïcs au service des démunis. Il rendait notamment visite à des personnes qui vivaient dans la précarité, et était membre de l'organe de gestion de l'organisation. Sur le plan privé, Albert a eu 3 enfants, 10 petits-enfants et 13 arrière-petits-enfants.

C'est en 1984 qu'il rejoint Pro Belgica après avoir rencontré le général Emile Janssens, ancien commandant de la Force Publique au Congo, lors d'un exposé qu'il donnait à la section des Vétérans du Roi Léopold III d'Ixelles. Albert devient secrétaire général et trésorier de Pro Belgica. Il crée le bulletin trimestriel et rédige de nombreux articles : il en était l'éditeur responsable depuis le début. Pour l'expédition, il était aidé à l'époque par une ancienne collègue de bureau, Mme Gévaudan. Ils passaient ensemble une journée pour l'envoi du bulletin car les adresses étaient écrites à la main. Il est resté secrétaire général jusqu'au début de l'an 2000, tout en étant trésorier.

Albert a repris la charge du secrétariat général fin 2009 et a abandonné la trésorerie à la même époque. Passionné par les nouveautés de ces dernières années, il utilisait aisément tant le gsm que l'ordinateur, Internet et le courrier électronique pour s'acquitter avec brio de ses engagements. Ses hospitalisations l'ont empêché d'être aussi actif que par le passé, mais à chacun de ses retours, il se replongeait instantanément dans les affaires courantes de "son" asbl préférée, assumant tant la collecte et la traduction d'articles pour le bulletin trimestriel que le secrétariat et les réunions du conseil d'administration qu'il accueillait chez lui. En 2011, il s'était vigoureusement prononcé dans notre revue sur les projets d'amnistie et nous avions repris son texte sur notre blog (lien). En mars 2012, il a été très heureux d'assister à l'élection de son petit-fils Raphaël Lobet comme membre effectif lors de l'assemblée générale de Pro Belgica.

Quand je lui ai demandé en 2012 par mail ce qu'il pensait de l'avenir de la Belgique et de Pro Belgica, voilà ce qu'il m'a répondu :  "Malgré les politiciens, avides de pouvoirs, et la perte du sens de l'Etat de nos concitoyens, je reprendrai les paroles du roi Albert Ier en 1914 "J'ai foi en l'avenir de la Belgique", car c'est dans le danger que les Belges montrent vraiment ce qu'ils sont. Pro Belgica subsistera aussi longtemps que des hommes et des femmes auront la volonté de vaincre le laxisme et le laisser-aller, de conserver les valeurs spirituelles et morales, et lutteront contre le matérialisme. Voilà brièvement mon credo".

Lors de l'assemblée générale de Pro Belgica en mars 2014, Albert Paternostre a renoncé, pour raisons de santé, à se représenter comme administrateur. Les membres effectifs ont décidé de le nommer administrateur honoraire en remerciement de tout ce qu'il a fait pendant 30 ans pour notre association. Il restait cependant informé des activités de Pro Belgica par les visites régulières de notre présidente Jacqueline de Montjoye. Par ailleurs, au cours de l'année écoulée, la naissance de cinq arrière-petits-enfants l'a beaucoup réjoui. 

Albert Paternostre est décédé chez lui le 15 décembre 2014 à Forest. Ses funérailles ont eu lieu en l'église Saint-Augustin de Forest, en présence de tous les membres du conseil d'administration et de nombreux membres de Pro Belgica, venus de tous les coins du pays. La présidente prononça un long hommage à l’adresse de cet administrateur bénévole hors pair. Le drapeau belge recouvrait le cercueil de cet ancien prisonnier entre 1940 et 1945 ; la Brabançonne clôtura la cérémonie religieuse. Il était Commandeur de l'Ordre de Léopold II, Officier de l'Ordre de Léopold, Officier de l'Ordre de la Couronne, Médaille d'Or de Saint-Rombaut et détenteur d'autres distinctions honorifiques. 

Vincent Leroy, président de Pro Belgica Hainaut
Avec l'aide de Jacqueline de Montjoye, Bruno Paternostre et Raphaël Lobet 

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